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PalmierArnauld Fouquet

Bonjour, Je m'appelle Arnauld Fouquet, j'écris depuis trente ans et je déteste ça. J'ai essayé les médicaments mais c'est pas efficace. J'ai continué donc (et les médicaments aussi quand même...). Ecrire me rend malade. Ne pas écrire me flingue. Ecrire mal m'use.

Ah ! La vie n'est qu'une vilaine tâche de cambouis sur un jean tout neuf.

Mon auteur favori s'appelle Henri CALET. C'est l'homme qui a pensé à recopier les graffitis de la Résistance sur les murs de la prison de Fresnes pour en faire un livre (les murs de Fresnes 1947), l'homme qui a écrit contre l'oubli, non pas de lui mais toujours des autres, contre l'oubli de ceux qui avaient vécu la guerre, non pas de ceux qui l'avaient voulue... L'homme qui envisage la vie "à la paresseuse", l'homme qui a pris soin de ne pas être trop connu.

Photo d'Henri Calet

Pourquoi faut-il toujours que l'homme ne s'intéresse qu'aux grandes gueules?

Céline écrit comme un hippopotame halluciné, on a cru à un style, ce n'était qu'une éructation à la mesure de la saloperie et des bombardements, CALET non, CALET retient l'homme, alors c'est fragile forcément, avec de la poussière, des fièvres, des tropismes à peine éteints, une musique vraie donc compliquée.

Henri CALET est né à Paris le 3 mars 1904, il est mort à Vence le 14 juillet 1956.

Il n'a rien fait pour chercher à marquer son temps, ses ouvrages ont des formats curieux, des sujets hétéroclites, des histoires improbables et surtout jamais de héros. Oubliez le roman, ne gardez qu'un souffle, une émotion, une contemplation distraite mais précise de l'existence où finalement on souffrirait bien assez pour qu'un murmure suffise à nous faire chavirer.

Chez Monsieur CALET, la vie rêvée est plus importante que celle vécue, il détend l'existence, les hommes qui pensent l'inverse s'achètent. CALET se donne. Il est parti plutôt jeune et le coeur fatigué, selon son propre aveu le reste ne valait guère mieux :

"Je dois avoir le cerveau percé : tout passe à travers; je dois être détraqué, je fonctionne à contretemps, j'ai les yeux dans ma poche."
("l'Italie à la Paresseuse" Le Dilettante)

Voilà, CALET fonctionne à contretemps, CALET est décalé, il nous décale aussi, il nous sort du jeu et propose à notre coeur pour un moment seulement d'arrêter de se battre et de contempler les autres le faire encore, pour rien sans doute.

Je ne résiste pas à vous donner quelques titres :
"Le tout sur le tout", "La belle lurette", "Le croquant indiscret", "Les grandes largeurs", "Acteur et témoin", "Contre l'oubli"...

Dernier avantage en prime de Monsieur CALET, c'est qu'il n'est pas trop édité, c'est un peu au petit bonheur la chance et on n'est pas à l'abri de tomber sur un texte rare... Méfiance...

Bon, sinon j'aime les nouvelles d'Annie SAUMONT, de Christiane BAROCHE, de Daniel ZIMMERMAN, de Claude PUJADE-RENAUD, de Georges-Olivier CHATEAUREYNAUD (à lire surtout "le verger"...) d'Italo CALVINO et d'Evgueni ZAMIATINE qui disait : "Je laisse rarement les gens entrer chez moi. Et, du dehors, vous ne verrez pas grand-chose."

Mes nouvelles préférées s'accommodent à merveille de cette énigme de ZAMIATINE, elles ne sont jamais limpides et vous laissent l'impression curieuse d'être le seul à leur avoir donné une issue, un sens ou une morale. Cette trouvaille orgueilleuse et minuscule me console d'un monde qui ne possède plus rien de tout ça.

Lisez, c'est une façon tragique et paresseuse d'exister.

A.F.

Pour notre plaisir, trois nouvelles de l'auteur :

PalmierActualités

Nouvelle ayant remporté le Prix des Dames blanches : Un impeccable petit Derringer.
Un impeccable petit Derringer
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